Hausse d'impôts, baisse des dépenses ...

Publié le 4 Juillet 2012

 

  Hausse d'impôts, baisse des dépenses, hausse des recettes... Où nage-t-on ?

 

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  • Hausse, baisse, baisse, hausse.

 

Beaucoup de chiffres ces dernières semaines dans le domaine politico-économique. Des hausses d'impôts, de recettes, des gels, des baisses de dépenses publiques, des prévisions de croissance revues à la hausse, à la baisse ou alors stable. Il serait peut-être préférable de faire un lien avec toutes ces mesures et d'en déduire par nous-même de façon théorique leurs impacts sur notre activité (PIB). Nos dirigeants n'ont-ils donc pas encore analysé les premiers facteurs de la spirale récessive espagnole, italienne voire grecque ? Toute politique d'austérité ouvre la voix à la récession et nous ne pouvons plus en douter. Une politique d'austérité passe globalement et synthétiquement par une hausse de la TVA, des impôts directs, d'une baisse des dépenses publiques qui auront de toutes manières des conséquences directes sur les consommateurs, leur pouvoir d'achat donc leur activité. L'Italie, pour prendre un exemple, a supporté deux plans d'austérité à la suite pour réduire son déficit, quel a été le fruit ? Une activité ralentie et parallèlement un déficit en forte hausse.

 

  • Un peu de macro-économie

 

Si même nos dirigeants considèrent que ces petits facteurs restent indépendants (hyperbolique certes, mais il faut bien une touche de pessimisme compte tenu de l'état dans lequel notre pays et notre Europe se trouvent), nous pouvons montrer en nous ressourçons chez Keynes que justement tout est en corrélation. A l'aide du marché des biens et services qui lie l'épargne, l'investissement et son équation adéquate nous allons démontrer clairement et rapidement les méfaits d'une austérité que notre hexagone s'apprête à mettre en place même si elle parait embryonnaire voire inexistante dans la bouche de notre premier ministre.

 

Partons donc du marché des biens et services qui lie l'épargne et l'investissement. Ce marché (que je vais traiter indépendamment du marché monétaire, cf. LM) est caractérisé par une équation liant le PIB (Y) à la somme de la consommation (C), l'investissement (I) et des dépenses publiques (G).

 

Y = C + I + G

 

Sachant que la consommation comporte notre propension à consommer (b) multiplié par notre revenu disponible RD (qui est égal à notre revenu (Y) moins les taxes (T) et nos dépenses incompressible (a), nous pouvons donc remplacer C par b.RD + a (avec RD = Y-T).

 

Nous savons également que l'investissement dépend fortement du taux d'intérêt (λr) [car plus ce taux est élevé, moins on investit (fonction décroissante)] et des investissements dit primaires, obligatoires pour les firmes (IA). I peut donc s'écrire IA-λr.

 

Les dépenses publiques dans cette théorie restent exogènes. En somme si nous mettons tout à bout nous passons de Y = C + I + G à : 

 

Y = b.(Y-T) + a + IA – λr + G

 

En isolant le PIB (Y) on a donc : Y = -bT + a + IA – λr + G / 1-b

 

Ce qui devient très intéressant c'est qu'à partir de cette équation, les tendances sur l'actualité et les dérivés nous pourrons voir l'impact radical d'une hausse, baisse d'impôts ou de dépenses publiques sur la croissance. Ce qui est, on doit se l'avouer LE CASSE TETE de notre économie.

 

  • " Une hausse des impôts pour plus de recettes "

 

Une déclaration fausse pour deux raisons. Premièrement, la hausse des prélèvements (7,5 milliards d'euros) est considérable, nous ne pouvons donc pas mettre à l'écart la théorie d'Arthur Laffer du "trop d'impôts tue l'impôt". Deuxièmement, si l'on admet la théorie de Laffer (cf courbe), avec des recettes insuffisantes, l'activité se trouve freinée. Reprenons notre équation Y = -bT + a + IA – λr + G / 1-b. Si je veux l'impact d'une variation des taxes en général sur mon activité (le PIB), nous dérivons et obtenons :

 

dY/dT = -b/1-b. La PMC (b) étant comprise entre 0 et 1 montre bien que ce quotient est négatif donc dans tous les cas si j'augmente les taxes, je ne freine pas mais diminue  l'activité.

 

  • " Baisse des dépenses publiques de 56,2 en 2012 à 53,4 en 2017 "

 

Oui c'est une bonne idée en soi pour nous désendetter jusqu'en 2017 d'environ trois points de PIB mais en attendant, quels seront les effets ? Qu'est-il arrivé aux pays de l'Europe du Sud ? Les leçons n'ont-elles pas été assez tirées ? Souvenez vous de la prévision de croissance par l'INSEE pour notre hexagone ? (0,4 %). Si l'on suit la logique du gouvernement qui est de baisser la dépense publique de trois points de PIB de façon théorique nous obtenons :

 

dY/dG = 1/1-b Le quotient est positif donc pour tout augmentation de mes dépenses publiques nous augmentons le PIB, si l'on diminue G (dY/-dG), nous obtenons un quotient logiquement négatif. Vous me diriez mais si c'est le cas, allons y créons des hôpitaux, rémunérons nos fonctionnaires à des salaires exorbitant et ... endettons-nous.

 

  • "A long terme nous sommes tous mort"

 

Le raisonnement ne va pas dans ce sens, il est surtout de montrer qu'il y a un lien flagrant entre les effets de courts, moyens et longs terme et c'est ce que défendait Keynes avec son fameux "A long terme nous sommes tous mort". Tout ça pour dire que les objectifs à longs terme sont raisonnables comme par exemple arriver à un déficit de 4,5 % du PIB en 2012 puis 3 % en 2013 mais jouer sans arrêt sur les impôts, les dépenses, bref, à tout ce qui est entre les mains des ménages qui voient leur pouvoir d'achat toucher des bas historiques me laisse très dubitative pour la suite des événements. Il est bon de remarquer qu'avec des mesures que nous pouvons qualifier "d'austérités", l'activité sera forcément touchée, le déficit prendra le sens inverse sachant qu'il frôle les 90 % du PIB, la croissance sera plombée, l'INSEE devra revoir sa prévision à la baisse et nos agences anglo saxonnes pourront se remettre au travail le temps que l'agence européenne arrive au monde. Bref, le domino français entrera en jeu.

 

  • Que ce soit sur la scène française ou européenne, les raisons d'être pessimiste restent nombreuses

 

Avec cette équation on peut facilement voir pourquoi finalement les prévisions de croissance sont la plupart du temps revues à la baisse - regardez la Grèce qui devrait voir son PIB se contracter de 6,7 % contre les 4,5 % estimés ou encore les nouvelles mesures d'austérité que l'Espagne devrait mettre en place alors que son activité est déjà fortement menacée - la crainte de certains dirigeants sur la création d'une taxe pétrolière, de notre perplexité face au prélèvement de 7,2 milliards d'euros ... Sans oublier les licenciements de masse prévus, le chômage qui en découlera ... Mais comment pouvons-nous être encore optimiste face à de telles alternatives ? 

Rédigé par OUALID Zohra

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