«Sur le bon chemin»

Publié le 6 Septembre 2012

img 606X341 Mario-Draghi-European-Central-Bank-2604

- Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne

Quand on a lu et écouté les nombreuses réfutations qui ont suivi les rumeurs portant sur une possible intervention directe de la Banque Centrale Européenne sur le marché secondaire, les records macro-économiques et j'en passe, nous avons clairement envie de savoir ce qu'il en sera lorsque la bombe à retardement explosera, mais surtout lorsque ce jeu de renvoi de balle s'achèvera. Il faut dire que côté marchés, la spéculation était loin d'être atone et au fur et à mesure les « premières certitudes » des investisseurs se sont lentement mais sûrement transformées en « premiers doutes ». En effet, Mario Draghi s'est laissé un peu trop désiré en promettant de faire tout son possible pour préserver la monnaie unique dans les limites de son mandat ce qui a suscité de très – pour ne pas dire trop – vives anticipations.

 

Ce jeudi à Francfort, la réunion la plus attendue a eu lieu, celle qui impactera et sera décisive tant sur l'avenir de la zone euro que celle des sphères fortement dépendantes. Ajoutons également que cette rencontre influencera les futures décisions du gouvernement espagnol et donc l'avenir du pays. Suite à la concertation entre les gouverneurs de la BCE, Mario Draghi a déclenché une énième fois l'euphorie sur les marchés en apportant des mesures pour tenter de sauver l'euro-zone et ainsi éteindre l'incendie.

 

Tout d'abord, une mauvaise nouvelle mais logiquement prévisible : les prévisions de croissance ont été revues à la baisse pour l'ensemble de la zone-euro avec un intervalle allant de - 0,6 % à – 0,2 % pour l'année 2012 et de - 0,4 % à + 1,4 % pour 2013. Par contre, mettons en évidence que l'inflation va connaître une envolée allant au-delà du taux fixé initialement par la BCE (2 %) avec 2,6 % en 2012 puis 2,5 % pour l'année 2013. De plus, la bonne nouvelle concerne le rachat de titres souverains, ce qui a créé le soulagement sur les marchés financiers, obligataires, des devises mais aussi le soulagement des États les plus fragiles tels que l'Espagne ou encore l'Italie même s'il est évident que cette annonce soit loin d'être bonne et « démocratique » pour certains partis. L'institution monétaire a confirmé l'achat d'obligations souveraines entre un et trois ans - notamment espagnoles et italiennes - sur le marché des titres déjà émis afin de détendre le marché obligataires qui a perdu la notion de la moralité. Sur le marché primaire – marché où s'échangent des titres nouvellement émis -, les intermédiaires que sont le Fond Européen de Stabilité Financière et le futur Mécanisme Européen de Stabilité n'ont pas été l'objet de modifications spécifiques – Les MES doit toujours être approuvé par la Cour Constitutionnelle allemande qui s'exprimera le 12 septembre -.

 

IMG 6712

En évoquant l'Allemagne, Angela Merkel s'est entretenu ce jeudi avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy sur la situation du pays et l'aide qui devrait être sollicitée : l'Espagne attend un éclaircissement de la politique monétaire avant de se lancer sur un nouveau plan d'aide, attendons de voir ce qu'il en sera. Rajoy promet une fois de plus de ne pas toucher aux retraites alors que la politique d'austérité est l'une des plus drastique. Mais lorsque l'on compare ce qui a été dit actuellement avec ce qui a été promis précédemment concernant la stabilité du taux de la TVA, nous avons toutes les raisons de rester dubitatifs. Bref, les marchés ont très bien réagi face aux propos de M. Draghi - même si l'on pouvait s'y attendre et s'y habituer par la suite - ; +3,06 % pour le CAC 40. Côté actions, une hausse de 8,44 points pour le titre Crédit Agricole, + 5,47 pour BNP Paribas et 7,76 % pour la Société Générale. Sur le marché des devise, l'euro-dollar prend également des forces se situant en moyenne aux alentours de 1,26 $. Notons que ce rachat « illimité » sur le marché secondaire nécessite avant tout une demande mais encore et toujours accompagné de conditions qui seront, nous le savons, loin d'être parfumées à l'eau de rose. Par exemple, si l'Espagne se voit faire une demande d'aide, des conditions s'ajouteraient logiquement à celles déjà mis en place par le pays et seraient donc beaucoup plus conséquentes pour un État déjà assez exposé à la crise. Il y en a certains toutefois qui s'efforcent de rester faussement optimiste en déclarant que « L'Espagne est sur le bon chemin », certes, mais lorsque l'on a longuement tiré les avantages et profit de la crise, il est évident que – si l'on suit une logique financiariste – tout le monde soit forcément sur le " bon chemin " … mais l'état du commerce extérieur ainsi que les débuts de la contagion se feront très rapidement ressentir.

 

Une fois de plus, il aura fallu attendre un pic pour jeter un peu d'eau sur le feu, mais surtout pour montrer une politique claire, forte et en évitant les sphères d'influences négatives ce qui est un bon début vers une résolution mais également vers des menaces - de démission - qui se font finalement de plus en plus discrètes… 

 

source image actions CAC 40 du 06.09.12 : BourseDirect

Rédigé par Eco-euro

Commenter cet article