« Sous taxée »

Publié le 3 Février 2013

http://www.trader-finance.fr/images/bourse-marche-libre.pngLe titre de ce billet ne laisse quasiment aucune forme de suspens – sauf pour les plus naïfs ou les fans du secteur en lui-même – Le domaine qui a demandé de l'aide aux États alors qu'il avait demandé son « indépendance » dans les années 80 se trouve aujourd'hui dans le collimateur du Fond Monétaire International. En effet, le FMI a déclaré jeudi dernier que la finance est « sous taxée » et qu'elle doit « payer une part équitable de la crise ». Sans vouloir revenir sur les principaux déclencheurs de la crise – des subprimes et de la dette - , nous avons bien remarqué que le secteur financier résistait plutôt bien avec chaque jour plus de peur que de mal. Il suffisait d'un epsilon d'incertitude pour déclencher - souvenez-vous - les grands sommets européens de la dernière chance afin que les indices terminent dans le vert provoquant ainsi l'euphorie éphémère. Par ailleurs, hormis la volatilité et les chiffres du CAC, du DOW JONES - et j'en passe – qui font sourire nos investisseurs sans cesse en manque de rendements supplémentaires, nous pouvons souligner que la part de participation du secteur financier dans la gestion de la crise de la zone euro demeure très discrète – à moins que ce soit un sujet tabou -

 

Bien que la majorité des banques qui ont profité de l'averse de liquidités fin 2011 et début 2012 aient débuté les remboursements auprès de la BCE – semblerait-il – et que certaines d'entre elles gonflent leurs charges exceptionnelles – C.A - , le projet tant évoqué lors du dernier G20 sur la taxation financière à hauteur d'un petit pourcentage semble faire peur à certaines têtes de la finance sous prétexte que l'activité soit lentement mais sûrement en train d'être pénalisée. Les mille milliards d'euros accordés par la Banque Centrale Européenne – BCE – et la baisse du principal taux directeur à 0,75 % ont certes permis la chute du château de dettes cartes, mais plusieurs analystes ont mis en évidence le fait que ceci n'ait pas profité à l'économie réelle. En d'autres termes, le crédit n'a pas été relancé et la réticence a été plus importante. Aujourd'hui, il est normal que les banques se mettent à rembourser tout comme et que la future taxe sur les transactions financières – TTF, proche de la taxe Tobin mine de rien – permette une participation plus juste de ce secteur à la résolution de la crise. En somme, pour en arriver à une synthèse du type «  la finance est sous taxée » me semble très petit venant d'une institution de taille. Il n'est jamais trop tard pour ouvrir les yeux me diriez-vous.

 

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Historique, marché de l'euro-dollar sur six mois - Boursedirect.fr

 

Ajoutons que les montants remboursés par les grandes banques et le grand retour (?) de la confiance en la monnaie unique ont provoqué la forte hausse de l'euro – par rapport au dollar – avec un euro aux alentours de 1,364 $ - contre, souvenez-vous 1,2 $ juillet dernier – Cette hausse, qui inquiète nos analystes et le gouvernement, démontre qu'un retour de la confiance est un cadeau empoisonné pour la région de la monnaie unique ! Avec un euro très fort, exporter coûte ainsi plus cher – pour certains – et la compétitivité en prend un coup. La question d'une compensation par les importations a été évoquée mais la conclusion fut rapide ; le déficit augmentera et les parts de marché couleront. Autre facteur qui pourrait souffrir de la hausse ; l'investissement. Investir dans la zone euro coûtera plus cher et aller ailleurs pourra être la décision des investisseurs. D'après l'analyste Marc Touati «  Dès que l'on dépasse la barre des 1,3 $, on perd un point de croissance ». Nous avons naturellement en tête l'objectif fixé par le gouvernement Ayrault des 3 % du déficit fin 2013 et de la croissance fixée à 0,8 % , un retour sur les anticipations semble donc indispensable. Ce problème de l'euro fort remet – une fois de plus – en cause la monnaie unique ; les États qui ont un commerce extérieur très bon – Allemagne par exemple – n'ont pas vraiment de soucis à se faire quand l'euro atteint les 1,3 $ mais que dire des États fragiles, en pleines mesures d'austérité et qui voient un euro qui leur coûte de plus en plus cher ? L'homogénéité est toujours le principal problème soulevant ainsi le paradoxe de la monnaie « unique » . Faudra-t-il que la BCE ressorte le bazooka pour faire chuter la monnaie ?

 

Évoquons les dernières rumeurs – comme toujours – Mis à part ce paradoxe de l'euro fort, le budget européen 2014 - 2020 où un accord n'a pas encore été trouvé, refera parler de lui lors d'un sommet qui aura lieu la semaine prochaine - les sept et huit février - afin de remettre le sujet sur la table et faire trembler David Cameron (apparemment très eurosceptique) ;-) Concernant le cas chypriote - discret sur la forme - reste bruyant sur le fond ; le pays aurait besoin d'une dizaine de milliards d'euros pour venir en aide à son système bancaire. Une somme supportable pour la zone euro (?) mais qui représente tout de même l'équivalent de 100 % du PIB de Chypre ! Le gros problème est de savoir si le pays remboursera cet emprunt. Pour finir, il paraît que l'Argentine aurait également procédé au maquillage de ses taux d'inflation en l'estimant deux fois plus forte – 25,6 % au lieu de 10,8 % - Les grecs ont trouvé leur semblables ;-) Ces modifications pourraient entraîner l'exclusion de l'Argentine du F.M.I, affaire à suivre. Terminons avec l’Italie. Pour être la plus synthétique possible, la Banca Monte dei Paschi di Siena et quatre autres banques seraient accusées de corruption financière à l'époque où Mario Draghi – eh oui – dirigeait la banque d'Italie. Ce dernier serait accusé d'avoir fermé les yeux sur la nécessité de réguler le maquillage des comptes de ces cinq banques. Cette rumeur qui pourrait mettre Mario Draghi mal à l'aise fait resurgir la question suivante : pourra-t-il superviser les banques européennes ?

 

 

Ce qui ressort de ce billet peut être résumé à la phrase très significative du célèbre G. Orwell ;

«  Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire ».

Á quand la révolution européenne ?

 

sources images : contrepoints.org , trader-finance.fr

Rédigé par Eco-euro

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O
Tres belle explication<br /> ABC Binaire vous felicite
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